[MUSIQUE] Bonjour, et bienvenue dans cette vidéo. Vous l'avez vu, l'évolution de nos modes de consommation est un enjeu fondamental pour l'émergence d'une économie écologique. Mais qu'en est-il de notre système de production? Je parle notamment, de ces industries électrointensives, qui consomment toujours plus d'énergies et de ressources, qui contribuent fortement au réchauffement climatique, et qui engendrent de nombreuses pollutions de l'air, des eaux, des sols, sans compter les déchets. Si l'on adopte une position réaliste, il est clair que ces industries ne disparaîtront pas de si tôt. La question qui se pose donc est celle de leur adaptation, en d'autres termes, quelles sont les solutions, pour réduire au maximum les impacts négatifs sur la planète? Dans cette vidéo, nous allons donc revenir dans un premier temps, sur la question de la fiscalité écologique. Est-ce une solution efficace? Nous allons ensuite nous concentrer sur les enjeux de l'industrie européenne, tels que les délocalisations et le poids des ressources. Puis, nous examinerons quelques alternatives possibles, qui entraînent une adaptation en profondeur des pratiques industrielles. Nous l'avons vu, la fiscalité écologique peut être un outil approprié, si elle est incitative, cohérente, et donc bien acceptée par les acteurs économiques qui doivent la supporter. Concernant les entreprises, la fiscalité écologique comprend trois grandes catégories de taxes : La taxe sur la consommation de ressources, celle sur les facteurs du réchauffement climatique, et enfin, la taxe sur les diverses pollutions. Les entreprises industrielles, et notamment électro-intensives, sont à l'évidence les plus touchées de par toutes les externalités négatives qu'elles génèrent. Et le débat est vif en France, notamment sur la manière de déployer la fiscalité écologique. Trop souvent perçue comme punitive, la fiscalité écologique s'ajoute généralement aux taxes déjà existantes. Face à cela, les entreprises menacent parfois de délocaliser leurs activités. Et perçoivent, en tous cas, l'écologie comme un obstacle de plus à la compétitivité et l'innovation. Il est clair, aujourd'hui, que la fiscalité écologique doit être incitative et de substitution, selon le principe économique du double dividende. C'est-à-dire,² qu'outre le bénéfice environnemental produit, la fiscalité écologique est amenée à remplacer d'autres taxes, qui étaient des freins pour les entreprises. Les freins à leur compétitivité et à leur capacité d'innovation. C'est ce qu'a fait la Suède, en mettant en place dans les années 90 une fiscalité écologique importante, en la substituant à certaines taxes existantes. Un autre élément déterminant, est celui du produit de la taxe. Si l'affectation de la taxe n'est pas claire, ou ne semble pas contribuer à la transition écologique, Il sera bien difficile de la faire accepter. Un risque bien connu, aujourd'hui, face à cette question de la fiscalité, est la possible délocalisation des activités industrielles hors de l'union européenne. Outre les problèmes sociaux que cela engendre localement, se pose aussi la question de la délocalisation des émissions, et donc de la manière de calculer la part de chaque pays. Ceci, d'autant plus qu'une partie importante de la production délocalisée, revient dans le pays d'origine pour y être consommée. Ainsi, l'empreinte carbone de la demande intérieure en France par habitant, est bien supérieure aujourd'hui à l'empreinte des émissions territoriales. Le débat est ouvert. Devrait-on mettre en place un ajustement fiscal aux frontières? Il semble qu'une réponse de long-terme soit bien la mise en place d'une régulation internationale, notamment concernant le carbone. Il faut, cependant, relativiser ce risque de délocalisation, comme le montrent de nombreuses études. Cependant, la situation de l'industrie européenne est plus que problématique, en dehors de la question de la charge fiscale. L'Europe, en effet, consomme toujours plus de ressources naturelles. Aujourd'hui, 14 tonnes par personne et par an, dont trois tonnes qui terminent dans une décharge à ciel ouvert. Le poids des ressources ne cesse d'augmenter, et leur prix également. Le prix réel des ressources aurait ainsi augmenté de plus de 300 % entre 1998 et 2011. Les ressources constituent ainsi la première dépense structurelle. Pour prendre un exemple, les ressources représentent 43 % des coûts pour l'industrie allemande, loin devant les salaires. Autre facteur aggravant : l'Union Européenne importe plus de la moitié de ses ressources. Elle ne dispose d'aucune terre rare, qui sont ces métaux hautement stratégiques pour la fabrication d'aimants, de lasers, ou encore de tubes lumineux. Ce constat pousse donc l'Union Européenne, à la mise en place de modèles industriels qui reposent sur les principes de l'écologie. Il n'y a pas d'autre choix que le développement accéléré d'alternatives aux modes actuels de production industrielle. De manière générale, les entreprises industrielles ont pris conscience de la nécessité de faire évoluer en profondeur leurs modèles de production. Dans le cadre de leurs démarches de responsabilité sociale, RSE, les entreprises à fort impact écologique investissent dans la recherche et le développement de nouveaux procédés. Ces procédés, voire même ces nouveaux modèles de production, doivent leur permettre de réduire au maximum leur empreinte environnementale. Ainsi, comme nous l'avons vu dans une autre vidéo, les démarches d'écologie industrielle se multiplient aujourd'hui, et l'économie circulaire, ou l'économie de la fonctionnalité, sont autant d'approches prometteuses. Dans le secteur de la chimie, on parle même de chimie verte. Mais dans les années 90, elles reposent, d'une part sur l'utilisation d'agroressources, et sur l'optimisation des procédés tout au long de la chaine, en veillant à minimiser les pollutions à la source. Cette chimie d'un nouveau type, peut être à la base de la fabrication de plastiques biodégradables, de peintures, ou de colles sans solvants nocifs. La prise de conscience de la nécessité d'une transition écologique, a également permis l'essors des éco industries, dont l'activité même consiste à développer des technologies propres, pour les énergies renouvelables, ou l'efficacité énergétique par exemple. L'Union Européenne mise d'ailleurs fortement sur l'essors de ces industries, pour créer des millions d'emplois à travers l'Europe. Une autre alternative prometteuse, est celle de la fabrication additive, autrement-dit, la technologie 3D, qui est radicalement différente des procédés traditionnels d'usinage. Cette question sera traitée par ailleurs. En conclusion, s'il est important de bien penser la fiscalité écologique, cette dernière n'est qu'un outil. Les enjeux sont d'une telle ampleur, que seuls des changements en profondeur des procédés et des modèles industriels permettra de fournir des solutions. Ces solutions, une fois de plus, appellent des innovations de rupture. L'écologie ne doit pas être punitive, mais engager une dynamique positive, qui conduise à une nouvelle façon de penser la production. Merci de votre attention. [AUDIO_VIDE]